Située dans le centre historique d'Ispahan, la mosquée du vendredi dite la « grande mosquée », la « vieille mosquée » ou « Masjed-e Jāme’ » est un édifice religieux remarquable d’Iran. Elle arbore l’une des architectures les plus complexes des arts islamiques.

 

Un édifice à l’architecture complexe et authentique

Datée du IXe siècle, la mosquée du vendredi a subi de nombreuses modifications et restaurations au fil des siècles, notamment sous le règne des Safavides. Des fouilles archéologiques ont révélé l’existence d’une mosquée de pan hypostyle à l’emplacement de l’édifice durant l’époque des Buyides, c’est-à-dire au Xe siècle. Cependant, les plus anciens éléments de la construction datent du IXe siècle, à l’époque des Abbassides. De nos jours, la mosquée affiche un plan iranien à quatre iwans, comprenant une salle de prière sous coupole, bordée d'arcades sur deux niveaux et entourée de nombreuses petites salles sous coupolettes. On suppose qu'elle était à l’origine indépendante de l’ensemble architectural. Pendant douze siècles, plusieurs dynasties, des Seldjoukides aux Qadjars, ont apporté leurs petites touches sur l’architecture de cette mosquée. Elle reflète l’évolution des styles de l’Iran islamique. Selon les experts, une mosquée arabe mal orientée y aurait été construite à la place d’un temple sassanide. Elle aurait été par la suite modifiée par les Abbassides qui ont dû reconstruire une partie. Du Xe au XIIe siècle, les Seldjoukides ont à leur tour ajouté quatre iwans et deux coupoles, après que les Bouyides aient édifié des colonnes. Au XIVe siècle, les Mozaffarides ont agrandi la partie Est et les Timourides (XIVe-XVe siècle) et les Safavides (XVIe-XVIIIe siècle) la partie ouest. Pour terminer, les Qadjars ont ajouté l'entrée principale.

 

Les particularités de la construction

Les éléments abbassides sont datés de 841, ce qui fait de la mosquée l’édifice le plus ancien de ce type en Iran. Ce bâtiment qui couvre une superficie de 2 ha est également le premier à avoir combiné l’architecture islamique religieuse avec l’architecture des palais sassanides, comprenant une cour à quatre iwans. Les coupoles côtelées à deux coques, une première, ont servi de modèles à d’autres constructions dans la région. Au cours de 12 siècles, elle a subi des travaux d’agrandissement, des expérimentations architecturales et des décorations de toutes sortes à différentes époques, démontrant le développement et l’évolution de l'art islamique. Son importance historique et artistique est telle qu’elle a été inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO en 2012. Aujourd’hui, si des rénovations ou des reconstructions sont prévues, elles doivent être soigneusement étudiées, en vue de s’assurer de ne pas porter atteinte au patrimoine et au cadre technique. Au cours de l’histoire, elle a failli être détruite, en l’occurrence par un incendie au XIIe siècle et à la suite d’une attaque aérienne en 1984. La reconstruction a donc dû respecter des normes spécifiques et utiliser des matériaux traditionnels et travaillé par de véritables artisans qualifiés. Pour préserver son authenticité, la mosquée doit continuer à être un lieu de prière. Le cadre environnant, c’est-à-dire le bazar historique d’Ispahan, doit également demeurer intact.